Histoire du moulin
La Grange des Roues, berceau de l’industrie sorguaise

Construite vers 1840 au bord de l’Ouvèze, La Grange des Roues est un ancien moulinage qui utilisait la force de l’eau pour différentes activités (blé, soie, garance) et pour produire de l’électricité grâce à une dynamo (175 kW). Devenue un emblème patrimonial de l’industrie vauclusienne, grâce à son état de conservation remarquable (matériaux, système d’engrenage, meules, turbine, canal de fuite, etc.), elle constitue un témoignage important de l’histoire industrielle de Sorgues de par les activités qu’elle a abritées et son intérêt architectural.
Avant la Révolution française existait sur ce site un moulin de plus petite taille, dit moulin de la Folie, que les Célestins du monastère Saint-Martial de Gentilly avaient construit pour mener des activités agricoles, prendre et dériver les eaux de la rivière de la Sorgue, au moyen d’un aqueduc conduisant les eaux à travers la rivière depuis le jardin du château jusqu’au pré, arrosage nécessaire à la récolte du fourrage et des herbages très rares à Sorgues.
Les fonctions initiales du moulin
En 1741, les Célestins du monastère Saint-Martial de Gentilly sollicitèrent et obtinrent du vice-légat d’Avignon, à titre de bail emphytéotique, la faculté de prendre et dériver les eaux de la rivière de la Sorgue, au lieu-dit le Clos ou pré du légat, côté de Bédarrides, pour l’amener dans leur champ. Depuis la fondation du monastère, ce bien était arrosé du Valat du Pape, dit le Griffon, au moyen d’un aqueduc qui conduisait les eaux à travers la rivière depuis le jardin du château jusqu’au pré.
En 1832, une production de soie (filature) permettait d’extraire la soie des cocons.

En 1840, une production de teinture rouge est extraite des racines de garance (plante tinctoriale). À la même période, une production de farine par la mouture des grains de blé vit le jour grâce à Jean-Baptiste Villelongue. Les deux fabriques renfermaient 15 meules.
En 1920, une production d’engrais phosphatés est portée par la famille Michel, jusqu’en 1972.
En 1990, à la suite de la démolition du barrage, une partie du bâtiment sera aménagée en logement.

Nombreux sont les Sorguais et les habitants des communes voisines qui se remémorent La Grange des Roues, son importance dans l’histoire ouvrière de Sorgues et dans les prémices de ses activités industrielles. Ce bâtiment symbolique a survécu à travers le temps, comme s’il formulait la demande de retrouver sa place dans l’activité industrielle sorguaise, qui a bien évolué depuis !
Depuis 2018, le moulin renaît et se reconstruit, en réponse aux enjeux économiques et environnementaux contemporains, pour faire son entrée dans l’avenir.
Dans la perspective de bâtir un projet professionnel et social mutualisé, les différentes structures juridiques présentes dans le tiers-lieu entreprennent de réhabiliter cet ensemble, afin d’offrir et mutualiser des espaces de travail et des ateliers à vocation artisanale, notamment dans la première transformation agricole : meunerie, boulangerie, conserverie et espaces de coopération.
Créer un tiers-lieu nourricier

Redonner vie à la Grange des Roues
Entre l’arrêt de l’activité de l’usine en 1971 et l’acquisition du moulin par la SCI les Ruches de l’Ouvèze en 2018, le temps s’est arrêté et les vestiges du passé ouvrier témoignent d’une importante histoire industrielle pour le Vaucluse.
Malgré les altérations qu’avaient subi les enduits, les huisseries et les parquets, tous les mécanismes liés au fonctionnement du moulin sont encore en place : engrenages, poulies, courroies, générateur et conduites d’eau. Au 4e étage, sous une charpente spectaculaire à six fermes, les grandes bluteries en bois étaient encore visibles à notre arrivée et permettaient de comprendre quelle était l’ampleur de cette activité de meunerie par le passé, tout comme les 8 paires de meules initialement placées sur le beffroi, visibles au RDC.
Un tiers-lieu nourricier pour Sorgues
Au-delà de l’espace qu’occupe la meunerie et la manufacture de moulins, différentes activités prennent place dans le bâtiment, espaces de travail indépendants ou partagés, qui abrite des projets professionnels à dimension artisanale.
Labellisé par l’État en 2022, le tiers-lieu devient « Manufacture de proximité » et a pour vocation de fédérer un ensemble de professionnels issus de différents horizons et corps de métiers, porteurs de valeurs communes et enclins à l’accueil de jeunes en recherche de leur orientation professionnelle. Cet espace d’apprentissage permet de faire, dans

un cadre privilégié, une expérience des métiers qui se veut fondatrice et d’assurer la transmission et la valorisation des métiers de l’artisanat.
En tant que plateforme professionnelle collaborative, ce projet souhaite permettre aux artisans de mutualiser des outils de production (atelier bois, meunerie, fournil, cuisine professionnelle), de croiser des univers professionnels divers, de favoriser des échanges grâce aux rencontres et évènements mis en place ensemble dans la filière blé.
Le rayonnement du projet depuis 2022

Labellisation “Manufacture de proximité” (ANCT/France tiers-lieux) ;

Participation aux réseaux Sud tiers-lieux, Groupe de travail tiers-lieux nourriciers, Programme Céréalocales, PAT Ventoux,
Grand-Avignon et Département de Vaucluse ;

Salariat d’un temps plein (gestion de l’association et son développement) ;

Suivi de formations à la gestion de projet, aux outils dédiés, ainsi qu’à la structuration de filière alimentaire,
dont la participation à un DLA collectif “Alimentation durable” (Dispositif local d’accompagnement de France Active) ;

Réalisation des premiers supports de communication (logo et charte graphique de l’association, écosystème du tiers-lieu,
plaquettes de communication) et de pages sur les réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn, Instagram) ;

Lancement du projet de cantine-épicerie solidaire et du développement d’une filière de proximité blé-légumineuses-farine-pain bio ;

Mobilisation d’une équipe de bénévoles pour des chantiers participatifs et les prémices de la cantine-épicerie ;

Intégration dans un écosystème associatif et entrepreneurial : location de 600 m² d’espaces à la SCI Ruche de l’Ouvèze par
la SAS Le Grain à moudre, l’association La Grange des Roues, la SCOP Fournil de la Grange des Roues, des professionnels,
associations, marchés, événements et autres journées d’étude ;

Recherches historiques et valorisation du patrimoine du moulin de la Grange des Roues, en vue de la réhabilitation de la centrale
hydroélectrique (travail aux Archives départementales, prise de photographies durant les 7 années de chantier sur le bâtiment).